Objectif de ces deux illuminés : réaliser un temps de référence de l’ascension en A/R depuis le camp de base n°1. L’A/R représente 60km et 3000m D+.
Le décor est planté…
Etienne : Tous les deux, on se connaît depuis l’école primaire, depuis plus de 20 ans donc ! On a grandi ensemble, dans une petite ville de Normandie, Falaise. Et on est fier de ça, de notre ville et de nos origines. Chacun a ensuite pratiqué des sports différents. J’ai d’abord pratiqué le football pendant 14 années, puis l’athlétisme, mais avec des parents amoureux de la montagne.
Antoine : Quant à moi j’ai touché un peu à tout, du basketball au football, en passant par la boxe anglaise et surtout la natation. Nos chemins se sont ensuite légèrement éloignés, Etienne est parti après le bac à Annecy pour faire ses études, moi je suis resté en Normandie, à Caen, pour mes études supérieures. J’ai commencé à voyager à ce moment-là (Martinique, Indes, Sri Lanka etc…). Quand je suis venu travailler à Lyon, on s’est retrouvé à travers des passions communes, comme le trail, la montagne et une certaine philosophie du voyage et de la vie en générale. Je vis actuellement à Lyon et suis fonctionnaire territorial à la métropole de Lyon.
Etienne : Moi je vis à Chambéry, j’ai un master EPGM (Equipement, Protection et Gestion des Milieux de Montagne) et je travaille actuellement en tant qu’accompagnateur en montagne, dans ma propre société, A Caen La Forme.On se connaît suffisamment bien pour savoir qu’on peut se lancer dans ce genre d’expédition en sachant qu’on peut compter l’un sur l’autre et ça c’est important. Notre premier vrai projet commun était la traversée des Grands Lacs Alpins en « Swim and Run » en septembre 2017. On espère que cette expédition au Chili ne sera qu’un début, nous avons beaucoup de projets en tête !
Adrien : Pouvez-vous m’expliquer ce projet d’expédition au Chili ? Comment ça vous est venu ?
Etienne : Nous aspirions tous les deux à un projet « en altitude ». Au départ nous voulions faire notre premier sommet à 7000m ensemble. Dans l’Himalaya, les conditions de terrain (climat, neige et glace) nécessitent de très bonnes compétences en alpinisme à cette altitude, compétences que nous estimons ne pas encore avoir. Nous nous sommes alors naturellement tournés vers les Andes. L’ascension du plus haut sommet, l’Aconcagua (6962m) était notre première idée. Mais, victime de sa réputation, il attire les foules et est par conséquent très fréquenté ; pas vraiment ce qui nous ressemble ni ce que nous voulions accomplir pour nous-mêmes. Nous nous sommes tournés vers le Nevado Ojos Del Salado, le deuxième sommet des Andes (et d’Amérique), mais aussi le plus haut Volcan du monde.
Antoine : Plus excentré, plus difficile d’accès, plus « rustique », un peu plus à notre image finalement. Etant deux compétiteurs aguerris, nous voulions associer à cette ascension un aspect plus « sportif », notre défi à nous. Nous nous sommes donc fixé l’objectif d’établir un temps de référence de l’ascension en A/R depuis le camp de base 1 (Laguna Verde), ce qui représente grosso modo un itinéraire de 60km avec environ 3000m de D+. Pour le moment, à notre connaissance, personne n’a jamais tenté ce défi.
Etienne : L’idée nous fait sourire, mais c’est assez grisant de se dire que « deux petits Normands » peuvent, avec une certaine détermination, être les premiers à établir un temps sur ce type de performance.
Adrien : Comment se prépare-t-on pour une aventure pareille ?
Antoine : Effectivement, partir de 4300 mètres pour monter à 6893m en « one shot », ce n’est pas anodin.
On se prépare déjà « psychologiquement ». Aucun de nous deux n’a jamais tutoyé ces altitudes. On se prépare donc en potassant les topos, en lisant les forums, en rencontrant des personnes de notre entourage qui ont déjà gravi le sommet. Nous nous sommes donc beaucoup documentés, et nous continuons. Nous sommes également suivis par un médecin spécialiste de l’altitude (tests d’hypoxie, VO2 etc…).
On se prépare également physiquement. Etant donné que nous partons en février (dans l’hémisphère sud c’est l’été !), nous pourrons nous appuyer sur une base bien solide, c’est à dire le foncier (volume) acquis lors de notre saison 2018.
Etienne : En effet, nous avons notamment couru l’ultra tour du Beaufortain en juillet 2018 (105km et 6300 D+), ce qui implique un certain volume d’entraînement. Il s’agit maintenant de peaufiner et d’entretenir cette base jusqu’à notre départ, mais sans en faire trop pour ne pas arriver cramé. Nous avons quand même prévu quelques week-ends de préparation préalable dans les Alpes pour monter légèrement en altitude, à 3000 mètres. Ça sera aussi l’occasion de tester notre matériel.
Enfin, il y a aussi la logistique de l’expédition à préparer. Nous recherchons des partenaires, comme Go’Lum par exemple, afin de s’équiper au mieux. Nous voulons ce projet « minimaliste », nous organisons donc tout, tous seuls.
Adrien : Sur place, comment envisagez-vous le déroulé de votre périple ?
Etienne : Arrivée à Santiago, la capitale, puis un vol interne vers Copiapo. Nous prévoyons ensuite de louer un 4×4 pour être autonomes et pouvoir se déplacer vers Atacama. Elle nous permettra aussi de transporter nos réserves d’eau. Pour rappel : nous devons être autonomes en eau pour toute la durée de l’acclimatation.
Nous avons prévu une dizaine de jours d’acclimatation. Sur les conseils de notre médecin spécialiste, nous avons fait un « plan d’acclimatation » avec des zones altitudinales et des temps de repos à respecter. Nous prévoyons d’établir un premier bivouac à Laguna Santa Rosa (3700m) et de gravir le Cerro Pastillitos (5073m), puis d’établir un second bivouac au Laguna Verde (4350m) et de faire quelques sommets aux alentours. L’idée serait de gravir un premier « 6000 » en fin de première semaine, peut-être le volcan Vicunas (6067m). L’idée générale est de monter haut dans la journée et de redescendre dormir plus bas, sans en faire trop.
Antoine : Notre programme dépendra de nos ressentis. Nous l’adapterons pour permettre à notre corps de s’acclimater de la meilleure façon sans accumuler trop de fatigue. Concernant l’ascension du Nevado Ojos del Salado, nous gardons plusieurs jours au camp de base pour nous reposer et choisir la meilleure fenêtre météo.
Adrien : Question matos, qu’emportez-vous avec vous ?
Antoine : Nous essayons de voyager « minimaliste », c’est notre façon de voyager depuis toujours ! Nous prévoyons donc d’emmener tout ce qui nous permet d’être autonomes, à la fois pour dormir (tente, duvet polaire, matelas) et pour manger (réchaud, gamelles, rations, lyophilisés) et surtout beaucoup d’eau. Il faut bien boire en altitude, de l’eau minérale ! Nous serons dans l’un des déserts les plus arides du monde, et pas de possibilités de se ravitailler là-bas.
Etienne : Puis il y a tout l’équipement personnel : sacs Cilao, chaussures Merrell, frontales Go’Lum, doudoune polaire, veste coupe-vent imperméable, vestes polaires, pantalon d’alpinisme, gants, moufles, bonnets, etc…. Les vents peuvent atteindre 180km/h à 6900m, et malgré un soleil quasi permanent, les températures ressenties sont extrêmes ! Nous prévoyons aussi du matériel d’alpinisme pour des sommets d’acclimatation qui le nécessitent : baudrier, petite corde 15m, assureur/descendeur, crampons light.
Enfin, nous aurons avec nous tout le matériel vidéo et photo : 2 appareils photo/vidéo, 2 GoPro, 1 stabilisateur, 1 drone Mavic Dji.
Adrien : Comment avez-vous connu Go’Lum et pourquoi nous avoir choisi comme partenaire ?
Etienne : J’ai connu Go’Lum au Trail des Aiguilles Rouges. Dans la mesure du possible, notre volonté est de faire confiance à des marques françaises avec une éthique qui nous ressemble. La proximité (facilité de contact et bon feeling) avec toi Adrien, ainsi que l’éthique de la marque sont deux paramètres qui nous poussent à communiquer sur Go’Lum. C’est un plaisir de pouvoir aider, à notre échelle, une marque que nous apprécions.
Antoine : Techniquement, la lampe frontale Piom+ est intéressante pour nous car l’intensité lumineuse s’adapte en fonction du mouvement, donc pas besoin d’enlever les gants pour ça, ce qui n’est pas négligeable avec les froids attendus. Enfin, nous apprécions sa simplicité d’utilisation.
Adrien : Un dernier mot ?
Etienne : Cette expédition nous tient énormément à cœur et nous sommes impatients d’y être, notre cerveau est obnubilé par ça !